Les insectes de la prairie de fauche
Les insectes de la prairie de fauche
Là où il est question d’Ophrys, d’Orchis ou autre fleurs exceptionnelles…
Lorsqu’on prononce le nom « orchidées », la première image qui vient en tête est cette fleur à longue tige vendue dans le commerce et qu’on a souvent bien du mal à faire repartir l’année d’après…
Celles que je viens vous présenter ici, reviennent tous les ans sans efforts...du moins, si on ne perturbe pas trop leur environnement : des milieux secs, peu concurrentiels, comme les pelouses naturelles, des marais, des forêts, des prairies. Tous ces lieux ayant en commun une composante « naturelle » forte.
Je vous avais déjà présenté il y a quelques jours, Orchis bouffon et ses rayures grenats sur le chapeau, celle qui ouvre le bal...
Maintenant que la chaleur s’est installée, le festival a commencé. L’explosion de formes hallucinantes et de couleurs intenses se remarque dans les pelouses dans la chaleur assommante de ce mois d’Avril…
Petite présentation tout de même de celle que les enfants « initiés » appellent « la reine des fleurs ».
Son petit nom de famille : Orchidacées...Une famille gigantesque dans le monde (20 000 espèces) mais plutôt discrète en France métropolitaine (150 à 160 espèces). Sur les 150 espèces « françaises », il est possible d’en trouver, dans l’avant pays savoyard, près d’une vingtaine (même sans doute beaucoup plus) tous milieux confondus !
C’est l’une des familles de végétaux les plus récentes (20 millions d’années alors que les conifères ont 300 millions d’années…!!!), et qui a profité des évolutions de leurs prédécesseurs pour trouver des techniques de pollinisations...GENIALES !
Imaginez que le genre Ophrys (celles qui ont des poils) a la
particularité d’attirer certains insectes en mimant parfaitement la
forme de la femelle et en dégageant un parfum imitant à la
perfection les phéromones pour attirer les mâles...
Impressionnant de voir un bourdon tenter de se reproduire avec
ce qu’il croit être une femelle et repartir avec un sac de pollen
(ou deux) collé sur la tête qui ira se coller sur la prochaine
fleur «trompeuse » sur laquelle le bourdon, l’abeille, la mouche ira
se « poser ». Tout est bien pensé : l’orchidée a même muni ses sacs de pollen d’un disque de matière collante qui vient se positionner pile poil sur le front de l’insecte trompé !
D’autres rivalisent de beauté. En effet, l’une des caractéristiques des genres « dactylorhiza » (racines en forme de doigts) ou « orchis » (racines en formes de testicules)est leur labelle . Une sorte de piste d’atterrissage colorée et contrastée se trouvant à l’endroit exact où doit se poser l’insecte pour être au bon endroit pour faire « le plein de nectar » et repartir avec son cadeau bonus : « le pollen » . En gros, on lui indique le chemin !
Il serait tentant de cueillir cette beauté et de la mettre en vase ! Mais avant cela, sachez que chaque fleur va produire « plusieurs millions de graines », donc vous risquez fortement de provoquer un « orchidicide » ! Le plus grave dans tout cela, c’est que, quelques unes de ces « millions de graines » pourront pousser si et seulement si elle rencontre le champignon compagnon qui lui permettra de devenir orchidée...Au bout de 2 à 10 ans !
En voie de disparition, par l’érosion de ses lieux de vie, la famille est protégée...personne ne vous verbalisera en cas de cueillette (si, si vous en vendez des bouquets) mais la présence de certaines espèces transformeront un espace en un espace « protégé » ou « à conserver ».
Une grande partie des espèces que nous pouvons admirer dans nos contrées sont fortement liées à la pratique agricole humaine. Elles ne supportent pas la concurrence et l’embroussaillement...donc l’abandon des espaces agricoles entretenus pendant des siècles.
Le festival ne fait que commencer et je ne manquerai pas de vous présenter ces beautés naturelles et extravagantes au cous de la saison !